Le CLUB 68, rue Pierre Charron (8ème), qui s'est ouvert fin 1938 avec Alix COMBELLE (saxophone ténor), Louis RICHARDET (accordéon), Michel WARLOP (violon) et Pierre FOUAD (drums) a accueilli en 1939 d'autres musiciens de jazz réputés comme Arthur BRIGGS (trompette), Philippe BRUN (trompette), Noël CHIBOUST (trompette) ou Joe TURNER (piano). Il est, en mai 1940 encore, considéré par la presse comme le temple du swing pur : « Un très bon orchestre mi-noir, mi-blanc, éclate, vrombit, s'essouffle, repart en haletant, rugit, murmure, s'étonne, s'humanise et lance les dernières mesures d'un air swing comme doivent éternuer dans la brousse africaine, les grands fauves en colère … » (Candide du 1er mai 1940).
Mais cet établissement ne semble pas avoir poursuivi son activité durant l'occupation.
En début d'année, la « Reine du swing », dont on ne sait rien de plus, est à l'affiche du
COLISEUM 65, rue Rochechouart (9ème).
Le JIMMY'S BAR, 4, rue Huyghens (angle 206, boulevard Raspail) (14ème), devient : CHEZ JIMMY après l'arrivée des Allemands. Johnny HESS, qui en est le directeur artistique et dont on connait le goût pour le jazz, s'y produit et engage régulièrement des jazzmen, comme Django REINHARDT et le trompettiste Pierre ALLIER.
L'opérette : « Ma belle Marseillaise » est présentée au Théâtre des VARIETES, 7, Boulevard Montmartre (2ème), avec ALIBERT et le « jazz » de l'accordéoniste Georges SELLERS.
En cours d'année, Hubert ROSTAING joue du saxophone et du bandonéon au dancing MIMI PINSON 79, avenue des Champs Elysée (8ème) où Alix COMBELLE le découvre. Il remplacera, à la clarinette, au sein du Quintette du Hot Club de France, Stéphane GRAPPELLY (violon), installé en Angleterre pour la durée de la guerre.
Au PARAMOUNT, 2, Boulevard des Capucines (9ème) cinéma depuis 1927, mais des
spectacles étaient donnés à cet emplacement depuis le 18ème siècle : « Débuts de l'orchestre
de scène de Raymond LEGRAND. Cette formation travaille par ailleurs pour Radio-Paris
de Mr Süssdorf (onze émissions hebdomadaires) et regroupe André CORNILLE, vite
remplacé par Aimé BARELLI, Al PIGUILEM, Raymond SABARICH (Trompettes), Guy
PAQUINET, Christian FINOL (Trombones), Désiré DURIEZ (Saxo alto), Jean
MAGNIEN (Saxo alto - Saxo baryton - Flûte), Raoul COURDESSE (Saxo ténor -
Clarinette), Roger TOUSSAINT (Saxo alto - Chant), Michel WARLOP, Sylvio SCHMIDT
(Violons), Raoul GOLA (Piano), Francis LUCA (Contrebasse), Louis GASTE (Guitare),
Armand MOLINETTI (Batterie), Lucienne DELYLE (Chant), Pierre SPIERS puis
Raymonde RIOU (Harpe). »
A partir du 18 octobre, Fred ADISON présente son orchestre au music-hall l’A.B.C. 11, Boulevard Poissonnière (2ème), dont la salle peut accueillir 1000 personnes. Parmi les musiciens figurent Raymond WRASKOPF au piano, Armand MOLINETTI à la batterie, René WEISS au trombone et, aux trompettes : Albert TAYALS, George HIRST et Max ROCHE.
Le 8 novembre, Raymond LEGRAND et son orchestre débutent sur la scène du music-hall BOBINO, 20, rue de la Gaîté (14ème) où, en début d’année, on pouvait applaudir la formation dirigée par RAY et EDDIE (en fait Ray BINDER et Eddie FOY, deux anciens « Collégiens » de Ray VENTURA)
En décembre, le Quintette du Hot Club de France passe en attraction au CIRO’ S, 6, rue Daunou (2ème), qui fut connu aussi sous le nom des GRANDS SEIGNEURS. L’origine de ce restaurant club privé qui proposait des thés et des dîners dansants de classe, remonte au début du 20ème siècle. Il fut créé par l’homme d’affaires CIRO qui ouvrit d’autres établissements du même genre à Londres, Deauville et Monte Carlo. Destinés à une clientèle « haut de gamme », ces lieux accueillirent de nombreux jazzmen. Celui de Paris, plus ancien que celui de Londres dont l’ouverture date de 1915, accueillera en 1941 les orchestres de Richard BLAREAU et du pianiste Alain ROMANS.
Dans la salle comble du cinéma NORMANDIE 116 bis, avenue des Champs Elysée (8ème), a lieu, le 4 octobre, la première sortie publique du nouveau Quintette du Hot Club de France. Outre Django REINHARDT et Hubert ROSTAING à la clarinette (qui remplace le violoniste Stéphane GRAPPELLY), il comprend Joseph REINHARDT (frère de Django), deuxième guitare, Francis LUCA, contrebasse et Pierre FOUAD, batterie.
Le 16 décembre est présenté à la Salle GAVEAU, 45, rue La Boëtie (8ème), un Festival de Jazz Français, avec la participation de Django REINHARDT en compagnie du Quintette du Hot Club de France, de l’accordéoniste Gus VISEUR et d’une formation composée des musiciens français de jazz les plus réputés. On y entend notamment : Alix COMBELLE, Noêl CHIBOUST et Pierre ALLIER. Lors de cette manifestation, dans la même salle, on peut assister à un tournoi des Amateurs dont le vainqueur est le saxophoniste Roby DAVIS.
La Salle PLEYEL, 252, rue du Faubourg Saint Honoré (8ème), n’est pas en reste et, le 19 décembre, présente un Festival de jazz français organisé par le Hot Club de France, dont la vedette est son Quintette, devenu célèbre, avec Django REINHARDT. Le succès de cette manifestation est tel que de nombreux autres seront programmés par la suite au même endroit.