Jack HYLTON Chef d'orchestre
Né le 2 juillet 1892, décédé le 29 janvier 1965.
Son site officiel peut être visité à l'adresse suivante :
http://www.jackhylton.com/
Tout, ou presque, y est consigné, mais il est possible d'ajouter ces quelques éléments complémentaires sur ses représentations à Paris :
La presse annonce, pour les 20 mars, 15 et 17 mai et 27 juin 1930, des concerts à la Salle PLEYEL par Jack HYLTON and his BOYS. Le 16 mai 1930 : « Au Bar Pleyel, un porto réunira ʺ de cinq à sept ʺ les fidèles clients de Pleyel-Phono. Jack HYLTON signera quelques disques que l'on entendra sur le phonographe électrique Pleyel. » (La Semaine à Paris, en mai 1930). L'orchestre se produira dans la même salle en 1931 et 1932. Il y précèdera la venue, pour leur première fois dans la capitale, en 1933 de Duke ELLINGTON et en 1934, de Louis ARMSTRONG.
16 février 1931 : Pour la première fois à l'OPERA : Concert de l'orchestre Jack HYLTON and his Boys. Au programme : du jazz, deux préludes de RACHMANINOFF et "Mavra" de STRAVINSKY. (Jazz Tango Dancing de février 1931) (La Semaine à Paris, en février 1931).
Jack HYLTON dirige ses ʺ boys ʺ , du 3 au 16 avril 1931, puis pendant 15 jours, en décembre de la même année à l'EMPIRE.
« Jack HYLTON. Evidemment, un grand orchestre ne nous procure plus le même effet de surprise que nous avons éprouvé autrefois. Mais celui-ci sait si bien varier ses rythmes, trouver des cocasseries d'orchestration, ou faire rebondir son sketch par l'arrivée d'un danseur ou d'un joueur de baguettes, qu'on trouve le numéro trop court et qu'on rappelle interminablement une troupe qui ne nous lasse jamais. » (Candide du 7 janvier 1932)
En 1933, sur la scène du cinéma REX : deux semaines de triomphal succès pour Jack HYLTON and his Boys. Le saxophoniste Coleman HAWKINS a joué alors dans l'orchestre.
Le 8 février 1934, c'est Madame HYLTON qui présente, toujours au même endroit, son propre « jazz ». « Le ménage HYLTON est un ménage moderne. Monsieur a son jazz. Madame, elle aussi, a voulu avoir ses boys. Elle nous les a montrés en liberté vendredi dernier Salle PLEYEL. Le jazz a conservé, en dépit des années, un public d'aficionados zélés. L'immense salle était fort convenablement remplie quand le rideau se leva sur l'orchestre vétu de pantalons noirs et de spencers blancs … Madame HYLTON, à vrai dire, donnait l'impression de suivre le rythme des musiciens plus qu'elle ne conduisait … Au dessus de ses camarades, il nous faut citer le contrebassiste, un long personnage dégingandé qui exécute sans sourciller des danses excentriques invraisemblables et qui pratique les claquettes avec virtuosité. Certains airs, en particulier le fameux “Stormy weather” obtiennent un succès énorme … » (Candide du 8 février 1934)
Le THEATRE des CHAMPS ELYSEES présente, les 17 et 18 octobre 1929 deux concerts par Jack HYLTON and his Band :
« Il y avait foule pour entendre l'orchestre Jack HYLTON and his Boys en concert jazz. Heureusement ce récital n'eut pas la gravité qu'on pouvait craindre. Ce fut une belle séance de musique de music-hall avec éclairages savants, mises en scène ingénieuses et humour des exécutants. » (Candide du 24 octobre 1929)
Au même endroit, le 5 avril puis en novembre 1930 : Concerts : Jack HYLTON and his Boys
« “Jack HYLTON et ses Boys” Les derniers concerts donnés par Jack HYLTON aux “Champs Elysées” ont été triomphaux. Voici comment ils furent appréciés par le critique musical d'Excelsior :
Jack HYLTON et ses joyeux boys sont revenus. Après une tournée triomphale dans nos grandes villes de province, cette compagnie de virtuoses vient de retrouver, au Théâtre des Champs Elysées, le public fervent et éclairé que lui ont recruté les disques, incomparables fourriers du succès. Leurs deux concerts furent deux soirées d'apothéose.
Je suis de ceux qui se félicitent de cet enthousiasme. On doit se réjouir de la réussite d'une telle formule de spectacle sur tout notre territoire. Car aucune propagande musicale n'est plus efficace que celle-ci. Les plus respectables tournées de marchands de sonates servent moins utilement notre art que les clowneries supérieures de ces acrobates instrumentaux.
Aucun paradoxe dans cette affirmation. Je ne prétends pas édifier l'esthétique du jazz sur les ruines de la musique dite sérieuse. Mais j'estime que nos mélomanes ont besoin de voir comment il faut aimer la musique. Il faut l'aimer comme le font ces virtuoses, avec allégresse, avec une joie simple d'enfants, avec une tendresse familière. Il faut savoir jouer avec la musique, savoir jongler avec elle, la palper, la manier, la caresser voluptueusement, la respirer comme une fleur. Beaucoup trop d'amateurs ne goûtent au concert qu'un plaisir cérémonieux et une délectation morose. Ils se tiennent à distance trop respectueuse du foyer musical, ils ne s'y réchauffent pas les sens et le cœur. Que dis-je ? Toute une école de compositeurs a cru devoir tabler sur la force d'attraction irrésistible de l'ennui, de l'ennui qui “fait riche”, qui a quelque chose de noble, de hautain et de distingué, et qui rassure l'ignorant sur la “tenue” de ses plaisirs.
Ce n'est pas ainsi qu'il faut aimer MOZART, CHOPIN, ou DEBUSSY. Il faut que leurs œuvres soient pour l'oreille des friandises, il faut les savourer et les déguster comme des fruits miraculeux ou des vins de haute classe. Il ne faut pas dépouiller l'œuvre musicale la plus sublime de son élément secret de sensualité. Et c'est la leçon profonde que nous donnent en gambadant les boys de Jack HYLTON.
Voilà de grands artistes, des “as” de leurs instruments, qui pourraient plus légitimement que beaucoup de nos solistes “collet-monté” faire preuve d'une dignité pleine de morgue. Quand on joue du trombone comme Lew DAWIS, de la trompette comme Jack RAINE, ou du xylophone comme Harry ROBINS, on a le droit de plastronner à l'avant-scène et de prendre des airs compassés. Mais ces joyeux garçons n'y songent guère. Ils s'ébattent et s'ébrouent dans l'orchestre comme des poissons dans l'eau. Car ils sont vraiment - et combien de musiciens peuvent en dire autant ? - ils sont vraiment dans leur “élément”. Les facéties auxquelles ils se livrent sont d'ordre strictement musical. C'est une sonorité, c'est un rythme, c'est un accord qui les fait naître. Les beaux saluts cérémonieux qu'échangent soudain les solistes avec leur chef ne sont que le prolongement ironique et plaisant d'une inflexion de la mélodie, les cocasseries de timbres constituent souvent une critique très fine de la personnalité d'un instrument, les pîtreries des saxophonistes soulignent très spirituellement l'esprit d'un dessin rythmique et le romantisme pâmé des barcarolles vénitiennes est caricaturé d'un seul trait infaillible par les trombonistes qui, renversant leur instrument sur le sol, accompagnent les Contes d'Hoffmann en se servant de la coulisse rentrante comme d'une perche tour à tour plongée dans la lagune et retirée de l'eau par un gondolier photogénique. Voilà vraiment de la parodie musicale de premier ordre. » (L'Edition musicale vivante, 4ème trimestre 1931, p 14, cité dans : La France du Jazz de Denis-Constant MARTIN et Olivier ROUEFF - Editions Parenthèses)
« Lors de son passage à Paris, Jack HYLTON a fait officieusement une proposition d'engagement à Stéphane GRAPPELLY, pour remplacer Johnny ROSEN, son premier violoniste parti pour former son propre orchestre. Il est à croire que la proposition était insuffisante, car on peut toujours entendre GRAPPELLY aux thés du CLARIDGE et le soir au STAGE B. » (Jazz Tango Dancing février 1935)